Claire Gibault est une chef d'orchestre et une femme politique française. Elle est notamment membre du Parlement Européen.
Gibault commence l'apprentissage du violon au conservatoire de sa ville natale. En 1958, elle remporte le premier prix dans sa discipline instrumentale et en musique de chambre, puis poursuit ses études de musique au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle y obtient, en 1968, les premiers prix d'harmonie, de fugue, de contrepoint, d'esthétique et d'histoire de la musique, et en 1969, le premier prix de direction d'orchestre.
Elle débute sa carrière dix ans plus tard, en 1979, en tant que directrice musicale de l’Orchestre de chambre de Chambéry, jusqu’en 1983, et devient par la suite l’assistante de John Eliot Gardiner à l’Opéra National de Lyon.
Cheffe pionnière, elle est créatrice de nombreux opéras, bien trop nombreux pour tous les nommer. En voici quelques uns : de 1991 à 1998, avec l’Atelier Lyrique et Maîtrise de l’Opéra de Lyon dont elle directrice musicale, elle produit Pelléas et Mélissande de Claude Debussy, Le Barbier de Séville et Cendrillon de Gioachino Rossini, La Finta Giardiniera de Mozart, Roméo et Juliette de Berlioz ou encore L’Enfant et les Sortilèges de Ravel ; en 2006, au Théâtre du Châtelet, elle crée Peter Pan ou la véritable histoire de Wendy Moira Angela Darling de Patrick Burgan.
L’une des ses productions les plus célèbres est la création mondiale de l’opéra de Fabio Vacchi, Il letto della storia, au Mai Musical Florentin, en 2003. Elle participe également, en 2004, à l’enregistrement de la musique de Vacchi pour le film Gabrielle de Patrice Chéreau, et dirige l’artiste lyrique italienne Anna Caterina Antonacci quelques années plus tard, en 2008.
En 1995, elle dirige l’orchestre de La Scala, célèbre opéra de Milan, en Italie, puis deux ans plus tard, elle passe à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Gibault est la toute première femme à accéder à ces postes.
Elle est aussi directrice musicale de la Fondazione Musica per Roma de 2000 à 2002. Elle y crée et dirige le Laboratoire voix en musique (Laboratorio voci in musica).
Elle assiste Claudio Abbado, grand chef d’orchestre italien, pour plusieurs productions à la Scala, à l’Opéra de Vienne et au Royal Opera House de Londres, et le retrouve en 2004 pour créer l’Orchestre Mozart de Bologne.
Gibault a également dirigé d’autres innombrables orchestres à travers le monde (France, Italie, Suisse, Belgique, Canada États-Unis…), parmi lesquels l’Orchestre Philharmonique de Copenhague en 2004 ; l’Orchestre philharmonique de Sofia, l’Opéra d’Anvers, le philharmonique du Luxembourg et l’Orchestre Mozart de Bologne en 2006 ; l’Orchestre des Pays de Savoie en 2006 et 2010-2011 ; l’Orchestra della Toscana en 2007 ; l’Orchestre philharmonique de Slovaquie en 2008 ; l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, le philharmonique de Nice et celui de l’Opéra de Marseille lors de la saison 2010-2011.
En 2010, elle publie son autobiographie La Musique à mains nues. Elle est rééditée en 2022 dans une version traduite en italien, laquelle contient deux chapitres supplémentaires inédits.
En 2011, forte de son expérience, notamment auprès de Claudio Abbado, Gibault crée le Paris Mozart Orchestra avec lequel elle donne actuellement une trentaine de concerts par an.
Très attachée à la transmission et à la création, elle collabore régulièrement avec des compositeurs contemporains (Graciane Finzi, Wolfgang Rihm, Silvia Colasanti, Fabio Vacchi, Edith Canat de Chizy ou encore Philippe Hersant), et donne des masterclass de direction d’orchestre.
Elle a notamment récemment collaboré avec le Royal Opera House et le Jette Parker Young Artists Programme à Londres, et dirige son propre cycle de masterclass à Paris.
En 2020, elle co-fonde La Maestra, un concours International et Académie pour cheffes d’orchestre, qu’elle co-dirige également. Les deux premières éditions ont eu lieu en 2020 et 2022 à la Philharmonie de Paris.
C’est à la suite d’une absence d’opportunités dans la musique qu’elle se lance en politique.
Claire Gibault est également membre de la commission de la Culture et de l’Education, et celle des Droits des Femmes et de l’Egalite des Genres. Elle s'occupe notamment des dossiers relatifs aux femmes et à la pauvreté, à la conciliation de la vie professionnelle et familiale, ou encore aux femmes migrantes.
Elle fait adopter deux résolutions du Parlement européen, l'une en 2007 sur le statut social des artistes en Europe, et la seconde en 2009 sur l'égalité de traitement et d'accès entre les hommes et les femmes dans les arts du spectacle.
En octobre 2010, elle est nommée membre du Conseil économique, social et environnemental.
En 2016, elle est la rapporteur de la mission de réflexion ayant élaboré le rapport Lockwood. Sous-titré « Mission de réflexion sur la démocratisation de l'enseignement de la musique », il s‘agit d’un rapport élaboré sous la présidence de Didier Lockwood, violoniste de jazz et vice-président du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle, à la demande de Frédéric Mitterrand.
Par ailleurs, Claire Gibault a reçu plusieurs distinctions. Elle est docteur Honoris Causa de l’Université catholique de Louvain ; Officière de l’ordre des Palmes académiques ; Chevalière de l’ordre national du Mérite (1979), puis promue Officière en 2006 ; Chevalière de la Légion d’honneur (2002) pour récompenser ses 30 années d’activités professionnelles et artistiques, puis promue Officière en 2016 ; et Commandeure de l’ordre des Arts et des Lettres (2017).
A lire également : Portrait de Claire Gibault par Pauline Pouzankov, Courier du parlement, 26 septembre 2012.
http://www.lecourrierduparlement.fr/lode-a-la-musique-de-claire-gibault/
© Photo:Kévin Gobet - CC BY-SA 4.0
Article écrit par Julie Poutrel pour Adama Toulon