Whitney Wolfe Herd est une entrepreneuse américaine. Elle est la cofondatrice de Tinder, et la fondatrice et PDG de la société Bumble Inc. Qui gère les applications de rencontres Bumble et Badoo.
Wolfe Herd est née d’une mère catholique et d’un père juif, promoteur immobilier. Lorsqu’elle est en sixième année à la Judge Memorial Catholic High School, sa famille part un an en congé sabbatique à Paris et lui font découvrir la France.
Elle fréquente par la suite la Southern Methodist University, à Dallas, au Texas, où elle se spécialise dans les études internationales, rejoint la sororité Kappa Kappa Gamma et passe un semestre à l'université Paris-Sorbonne en France dans le cadre d’un échange universitaire à l’étranger.
Pendant ses études, alors âgée de seulement 20 ans, elle crée une entreprise de vente de sacs fourre-tout en bambou au profit des régions touchées par la marée noire de BP. Elle s’associe au styliste de célébrités Patrick Aufdenkamp pour lancer l'organisation à but non lucratif appelée "Help Us Project", et les sacs font l'objet d'une couverture médiatique nationale après que des célébrités telles que Rachel Zoe et Nicole Richie aient été photographiées avec eux.
Peu de temps après, elle lance une deuxième entreprise avec Aufdenkamp appelée "Tender Heart", une ligne de vêtements dédiée à la sensibilisation au commerce équitable et contre le trafic humain.
Diplôme en poche, elle voyage en Asie du Sud-Est où elle travaille avec des orphelinats. En 2012, à l'âge de 22 ans, Wolfe Herd rejoint la startup Cardify, un projet mené par Sean Rad qui fut plus tard abandonné. Elle rejoint alors l'équipe de développement de l'application de rencontres Tinder, puis devient la vice-présidente du marketing. Anciennement nommée MatchBox, Wolfe Herd serait à l'origine du nom Tinder qui s'inspire du logo de la flamme et de l'idée du tinder, un matériau facilement combustible utilisé pour allumer un feu. Elle est également créditée d’avoir alimenté la popularité de l'application sur les campus universitaires et d'avoir fait croître le nombre d'utilisateurs.
En avril 2014, elle démissionne de Tinder en raison de tensions croissantes avec son ex-partenaires et cofondateur de l’application, Justin Mateen. Quelques mois plus tard, elle lui intente un procès pour harcèlement sexuel, lui reprochant de lui avoir envoyé des menaces et autres messages désobligeants, et de l’avoir évincée de la société qu’elle a cofondée avec lui. L’affaire se serait réglée rapidement et dans la confidence, et Wolfe Herd aurait reçu un million de dollars de dommages et intérêts.
Egalement victime de nombreux messages haineux en ligne, Wolfe Herd commence à penser un réseau social exclusivement féminin, centré sur un partage positif et de compliments qui devait s'appeler Merci. Finalement, et bien qu’au départ elle ne souhaitait pas retourner dans le secteur des rencontres, elle coopère dans les mois qui suivent avec le fondateur de Badoo, Andrey Andreev, pour développer une nouvelle application de rencontre adaptée aux femmes. Ils fondent alors Bumble en décembre 2014. A la différence de Tinder, cette application permet aux femmes d’envoyer le premier message après un "match", permettant de réduire le risque de harcèlement sexuel.
Son idée pour Bumble est venue d'un scénario spécifique qu'elle avait toujours imaginé dans sa tête en travaillant chez Tinder : "J'ai toujours voulu avoir un scénario où l’homme n'avait pas mon numéro mais où j'avais le sien". Pour elle, permettre eux femmes de faire le premier pas est un changement puissant. Donner le premier pas aux femmes, c’est aussi leur donner la confiance et le contrôle, et ce n’est pas un concept exclusif au monde des rencontres et de l’amour. "J'ai fait l'expérience directe de l'impact négatif des relations inégales sur tous les domaines de la vie. Je voulais changer cela." "Est-ce que je pense que le fait qu'une femme fasse le premier pas sur Bumble va permettre de résoudre tous les problèmes des femmes dans le monde ? Non. Est-ce que je pense que c'est une bonne première étape pour recalibrer un système séculaire qui nous met tous en situation d'échec, hommes et femmes ? Oui. Parce qu'Internet a le mégapouvoir de modifier les comportements - si vous l'utilisez pour faire le bien."
En mars 2019, Wolfe Herd témoigne devant le comité de la jurisprudence criminelle de la Chambre du Texas sur la prévalence des photos explicites non sollicitées envoyées aux utilisatrices sur les applications de rencontre. Le mois suivant, elle publie le premier numéro imprimé de Bumble Mag en partenariat avec Hearst. En novembre de la même année, la société mère de Bumble, MagicLab, est vendue à la société de capital-investissement The Blackstone Group. Wolfe Herd devient alors PDG de MagicLab, évaluée à 3 milliards de dollars et comptant environ 75 millions d'utilisateurs, et reçoit une participation d'environ 19% dans la société.
En février 2021, Wolfe Herd devient la plus jeune femme PDG à introduire son entreprise à la Bourse Nasdaq, un pas de géant pour les "femtech" (rassemblement d’innovations qui accompagnent les femmes), et offre une belle image en sonnant la cloche du Nasdaq avec son fils de 18 mois dans le bras. Le même jour, elle partage sur Twitter : "Aujourd'hui, @Bumble devient une entreprise publique. Cela n'est possible que grâce aux plus de 1,7 milliard de premiers pas effectués par des femmes courageuses sur notre application - et aux femmes pionnières qui nous ont ouvert la voie dans le monde des affaires. À tou(te)s ceux(lles) qui ont rendu ce jour possible : Merci. #BumbleIPO".
"La Bourse a bien accueilli cette nouvelle arrivante. Les actions sont montées à 76 dollars à l’ouverture, plus haut que le tarif proposé aux investisseurs publics la veille. L’entreprise est donc valorisée à 14,1 milliards de dollars. Mais Whitney Wolfe Herd et l’investisseur principal Blackstone restent seuls maîtres à bord pour l’instant. Elle conserve la majorité des droits de vote pour pouvoir mettre son plan de développement à exécution. Son équipe dirigeante est aussi majoritairement composée de femmes." (challenges.fr)
Sa société Bumble Inc finance également l'application de rencontres gay Chappy, basée au Royaume-Uni et cofondée par Jack Rogers, Max Cheremkin et Ollie Locke.
Lors du Aspen Ideas Festival 2022, dans le Colorado, Wolfe Herd s’est exprimée sur le fait d’être sous-estimée. Selon elle, cela peut s’avérer être plutôt bénéfique. Etre rejeté ou ignoré invite à travailler plus dur ou à s’orienter vers quelqu’un qui saura reconnaître vos compétences à leur juste valeur, peu importe si vous débutez ou si vous changez de direction en milieu de carrière. "Personnellement, j'aime être sous-estimée. Je pense que c'est un vrai superpouvoir. Je pense m'être entraîné à être motivé par les gens qui disent "non" et à créer de l'énergie à partir de cela."
Lorsqu’elle a présenté Bumble à des premiers investisseurs, le fait que ce soit les femmes qui engagent la conversation avec leurs partenaires a immédiatement posé un problème. Selon eux, les femmes ne voudraient pas inviter les hommes à sortir, et les hommes ne s'inscriraient pas à l'application parce qu'elle allait à l'encontre des normes sociétales. Pour Wolfe Herd, ce rejet ne pas fait de Bumble une mauvaise idée, bien au contraire. Elle a commencé à la considérer comme une nouvelle idée que les gens ne savaient tout simplement pas encore comment visualiser. "J'ai juste réorienté mon cerveau dès le premier jour : à chaque fois que je recevais un e-mail ou un tweet blessant ou qu'un investisseur me disait que l'idée de Bumble était stupide, je devenais juste très motivée par cette idée. Les gens ne savent généralement pas comment voir les choses qui n'existent pas encore, alors vous devez juste croire en vous."
Pour Wolfe Herd, être sous-estimée vous donne également l’élément de surprise. Si on ne vous voit pas comme une menace, on ne vous verra pas non plus arriver lorsque vous serez prête à prendre le dessus. Lorsque Bumble est devenu public, elle a reçu plusieurs messages très sincères, et même des excuses, de la part de journalistes et de personnes réputées qui pensaient initialement que Bumble ne marcherait jamais. "Si tout le monde pensait que ça allait marcher, ça aurait déjà été fait. C'est comme ça que vous créez un espace dans le marché pour vous-même."
En septembre 2019, Tinder et Bumble étaient les première et deuxième applications de rencontre les plus populaires aux États-Unis, avec respectivement des bases d'utilisateurs mensuels de 7,9 millions et 5 millions.
En 2020 et 2022, Forbes l'a classée respectivement numéro 39 et 33 du top 100 des "self-made-women les plus riches d'Amérique". En février 2021, elle est devenue la plus jeune femme milliardaire autodidacte au monde lorsqu'elle a introduit Bumble en bourse. Elle est également la plus jeune femme (à 31 ans) à avoir rendu une entreprise publique.
© Photo: TechCrunch Disrupt San Francisco 2018 - CC BY 2.0
© Article par Julie Poutrel pour Adama Toulon