Megan Rapinoe - star du football américaine et militante pour l'égalité

Megan Rapinoe - star du football américaine et militante pour l'égalité

Megan Rapinoe est une joueuse internationale de football américaine, connue pour ses talents sur le terrain et son militantisme en faveur de l'égalité salariale et des droits lgbtqia+.

 

Aujourd’hui l'une des plus grandes stars américaines de football, Rapinoe commence sa carrière professionnelle en 2009, lorsqu'elle est sélectionnée par les Chicago Red Stars au deuxième rang de la Women’s Professional Soccer (WPS). Elle joue pour cette équipe pendant deux saisons avant de rejoindre le Philadelphia Independence en 2011.

 

Elle perce l’année suivante lorsqu'elle est nommée capitaine de l'équipe nationale féminine des États-Unis. Milieu de terrain et ailière de l'équipe, elle joue un rôle déterminant dans leur victoire aux Jeux Olympiques de 2012 et 2016, ainsi qu’aux Coupes du monde féminines de la FIFA de 2015 et 2019.

 

En 2012, Amy Carnell, la directrice générale des Sounders Women, déclare que Megan Rapinoe "est l'une des joueuses les plus divertissantes du moment. [Elle] a fait la différence lors de la Coupe du monde 2011, joue avec un flair et une passion rarement vus. En regardant Megan, on apprend à s'attendre à l'inattendu, à l'émotion brute et au courage pur jusqu'au coup de sifflet final". L'entraîneuse en chef de l’équipe, Michelle French, soutient également que le leadership et les succès de Megan lui ont permis d’évoluer et de se "développer pour devenir l'une des joueuses les plus excitantes, les plus imprévisibles, les plus créatives et les plus brillantes du football féminin".

 

La Coupe du monde de 2019 consolide son héritage. Avec six buts marqués lors du tournoi, elle est sacrée Ballon d'or de la Meilleure joueuse et Soulier d'or de la Meilleure buteuse. Sa pose emblématique avec les bras tendus après avoir marqué contre la France est devenue l'une des images les plus mémorables du tournoi.

 

Encore aujourd’hui, sa notoriété ne cesse de croître. Depuis 2014, elle fait partie de l’OL Reign, un club de soccer américain en Ligue Nationale de Soccer Féminin (NWSL), et joue au poste d’attaquante. Aujourd’hui, elle est également capitaine de l’équipe.

 

En 2022, Rapinoe participe au championnat féminin de la CONCACAF. Son équipe finie championne du monde. L’année suivante, elle fait partie des 23 joueuses sélectionnées pour participer à la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande. Malheureusement, son équipe est éliminée en 8e de finale à l’issue d’un match conclu par un tir au but. Malgré cette défaite, elle déclare rester reconnaissante et heureuse. "Je trouve que nous avons vraiment bien joué. Je suis heureuse que l'on sorte en ayant joué comme ça, en ayant eu énormément de plaisir avec le ballon. […] Je sais que c'est la fin, et c'est triste, mais jouer avec cette équipe, pour ce pays, aura été un honneur. Je garde en mémoire les chants [dans le public] pour l'égalité salariale après la finale [de 2019, à Lyon]. Bien sûr, il y a eu les Coupes du monde disputées, les championnats remportés, mais savoir qu'on a utilisé notre talent pour faire quelque chose qui a changé le monde pour toujours, c'est ce qui compte le plus pour moi." (© Eurosport.fr, 6 août 2023)

 

Au-delà de ses compétences sur le terrain, Rapinoe est également connue pour défendre ouvertement un certain nombre de causes sociales, notamment l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, et les droits de la communauté lgbtqia+. Sa volonté d'utiliser sa plateforme pour attirer l'attention sur ces questions a fait d'elle l'une des athlètes militantes les plus en vue et les plus reconnaissables de sa génération.

 

Fermement opposée au racisme et à l'écart de rémunération important entre les équipes nationales masculine et féminine, elle proteste en 2016 contre le football américain en s'agenouillant pendant l'hymne national avant les matchs.

Sa protestation a contribué à lancer une action en justice, en 2019, par l’équipe féminine nationale des Etats-Unis contre U.S. Soccer, alléguant une discrimination fondée sur le sexe. Rapinoe a fait valoir que si les équipes masculine et féminine étaient payées de la même manière par match, les joueuses gagneraient trois fois plus d'argent.

 

En 2022, l'U.S. Soccer a accepté de payer 24 millions de dollars pour régler le procès, promettant l'égalité des salaires à l'avenir. La loi sur l'égalité de rémunération pour l'équipe féminine américaine fut adoptée le 21 décembre de la même année. Rapinoe a déclaré qu'il s'agissait d'une "grande victoire" dans la lutte pour l'équité salariale.

 

Par ailleurs, première femme ouvertement homosexuelle à poser pour le numéro de maillots de bain de Sports Illustrated, Rapinoe a contribué à faire tomber les barrières pour les athlètes lgbtqia+. Elle est d’ailleurs impliquée dans de nombreuses organisations soutenant les droits de cette communauté, notamment en tant que porte-parole d'Athlete Ally et en travaillant avec le Gay, Lesbian & Straight Education Network.

Elle s’exprime sur son combat dans une interview pour le Time, en 2022. "Je suis homosexuelle et toute ma vie a un sens maintenant. Pendant longtemps, j'ai été la seule joueuse à avoir fait son coming-out. Je suis donc la seule porte-parole et je dois m'assurer que je donne le bon exemple, que je dis les bonnes choses, qu'il s'agisse du mariage gay ou de sujets difficiles et nuancés comme l'inclusion des transgenres dans le sport. Ce sont là les défis à relever pour continuer à se former. Je ne parle pas seulement pour moi, je parle pour beaucoup de gens. Je ne veux pas que les choses soient bizarres. Rien ne doit être caché. Il faut parler franchement. Et je vais le dire haut et fort, et je pense que cela aide d'autres personnes qui n'ont peut-être pas la capacité de le faire, ou qui ne sont pas encore en mesure de le faire."

 

Dans cette même interview, Rapinoe apporte aussi un soutien sans failles à l’inclusion des personnes transgenres dans le sport. "Les gens ne savent pas grand-chose à ce sujet [si ce n’est] les arguments de la droite, parce qu'elle est très bruyante, très systématique et impitoyable. [...] L'argument de l'inclusion des personnes transgenres a été tellement mis en avant à travers le prisme extrêmement étroit du sport d'élite. Ce n'est pas la façon dont nous devrions formuler cette question. Nous parlons d'enfants. Nous parlons de la vie des gens. Nous parlons d'un État gouvernemental tout entier qui s'en prend à un enfant dans certains États, à trois enfants dans d'autres. Ils se suicident parce qu'on leur dit qu'ils sont répugnants, différents, mauvais et immoraux et qu'ils ne peuvent pas faire de sport avec leurs amis d'enfance. Sans parler des tentatives de suppression des soins de santé. Je pense que c'est monstrueux. Je voudrais également encourager tous ceux qui craignent que quelqu'un ait un avantage injuste sur leur enfant à prendre un peu de recul et à se demander de quoi nous parlons réellement. Nous parlons de la vie des gens. Je suis désolée, mais l'équipe de volley-ball de votre enfant au lycée n'est pas si importante. Elle n'est pas plus importante que la vie d'un autre enfant. […] Nous devons donc commencer par l'inclusion, point final."

 

En 2023, elle s’oppose ouvertement au projet du Congrès américain visant à écarter les personnes transgenres des sports féminins. Elle participe également au lancement d'une campagne intitulée Play As You Are qui sensibilise à l'inclusion dans le sport, et elle encourage les athlètes à partager leur propre histoire et à être authentiques.

 

© Article par Julie Henry Poutrel pour Adama Toulon.

 

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