Geena Davis est une actrice, productrice, scénariste, mannequin, activiste et archère américaine.
En 2011, elle devient l'une des quelques célébrités attachées à la campagne FWD ("Famine, Guerre et Sécheresse") de l'USAID (United States Agency for International Development) et de l'Ad Council, une initiative pour sensibiliser le public à la grave sécheresse qui sévissait cette année-là en Afrique de l'Est.
Geena Davis a rejoint Uma Thurman, Chanel Iman et Josh Hartnett dans cette campagne, en participant à une série de messages d'intérêt public diffusée par le biais de publicités télévisées et sur les médias sociaux. Cette campagne avait pour but d’encourager les Américains à sensibiliser à la crise, à soutenir les organisations humanitaires qui menaient des opérations de secours et à consulter l'initiative mondiale Feed the Future pour trouver des solutions plus larges.
Davis soutient également la Women's Sports Foundation, une organisation caritative à but non lucratif axée sur l'engagement des femmes dans le sport. Fondée en 1974 par la joueuse de tennis Billie Jean King, et soutenue initialement par les athlètes olympiques Donna de Varona et Suzy Chaffee, la WSF a pour mission de "faire progresser la vie des filles et des femmes par le biais du sport et de l'activité physique."
Elle défend aussi le Titre IX, une loi du Congrès axée sur l'égalité des chances dans le domaine du sport, désormais élargie pour interdire la discrimination sexuelle dans les établissements d'enseignement américains.
Toujours dans l’optique de combattre les préjugés et les discriminations envers les femmes, Geena Davis s’engage corps et âmes depuis 2004 dans la lutte contre les stéréotypes filles/garçons dans les émissions et programmes destinés aux enfants. C’est en regardant la télévision avec sa fille qu’elle remarque ce déséquilibre dans les rapports entre personnages masculins et féminins.
Par la suite, elle parraine le plus grand projet de recherche jamais réalisé sur le genre dans les divertissements pour enfant, à l'Annenberg School for Communication de l'Université de Californie du Sud, qui donne lieu à quatre études distinctes, dirigées par le docteur Stacy Smith.
Sur ces quatre études, l’une d’elle a révélé que trois fois plus d'hommes que de femmes apparaissaient dans les films pour enfants, tandis qu'à la télévision pour enfants, on comptait 1,67 homme pour une femme.
Une deuxième étude du groupe a montré que dans les films classés G, 80,5% des personnages étaient des hommes, contre seulement 19,5% de personnages féminins.
Une autre étude a montré qu’il y avait près de trois personnages masculins pour chaque personnage féminin. Sur 122 films classés G, PG et PG-13 sortis en salle entre 2006 et 2009, seulement 29,2% de tous les personnages parlants sont des femmes, et ces femmes sont plus sexualisées que les hommes. Étant donné que les enfants sont en contact avec les médias jusqu'à 7 à 10 heures par jour, la représentation des femmes dans les émissions de télévision et les films pour enfants a un impact majeur sur la façon dont les jeunes filles croient devoir agir et sur la façon dont elles se perçoivent.
En 2005, Davis s'associe au groupe à but non lucratif Dads and Daughters pour lancer une initiative visant à équilibrer le nombre de personnages masculins et féminins dans les programmes de télévision et de cinéma pour enfants.
En 2007, elle fonde le Geena Davis Institute on Gender in Media. Cet institut mène des recherches sur les disparités de genre dans les médias et travaille en collaboration avec l'industrie du divertissement pour accroître la présence de personnages féminins dans les médias destinés aux enfants, ainsi que pour réduire les inégalités à Hollywood et les stéréotypes féminins dans une industrie dominée par les hommes.
L'une des raisons qui ont poussé Davis à créer sa fondation est son expérience personnelle du traitement sexiste des femmes âgées par Hollywood. Pour elle, "les rôles au cinéma ont vraiment commencé à se tarir lorsque j'ai atteint la quarantaine. Si vous regardez sur IMDb, jusqu'à cet âge-là, je faisais environ un film par an. Pendant toute ma quarantaine, je n'ai fait qu'un seul film, Stuart Little."
Le Geena Davis Institute on Gender in Media est la seule organisation basée sur la recherche qui travaille au sein des médias pour échanger, éduquer, influencer et expliquer le besoin d'équilibre entre les sexes. Il est une voix majeure pour créer une grande variété de rôles pour les femmes dans l'industrie du divertissement, il s'oppose aux stéréotypes des personnages féminins et plaide en faveur de rôles qui renforcent l'autonomie des femmes plutôt que de les dénigrer.
"Le fait est que les femmes sont sérieusement sous-représentées dans presque tous les secteurs de la société à travers le monde, et pas seulement à l'écran, mais, pour la plupart, nous ne sommes tout simplement pas conscients de cette réalité, et les images des médias exercent une influence puissante en perpétuant nos préjugés inconscients".
Grâce à ses relations dans le secteur, Davis présente ces statistiques aux responsables des médias afin de les sensibiliser à la faible représentation des femmes dans les médias, notamment dans les divertissements pour enfants, l'un des principaux centres d'intérêt de la fondation.
L’institut a obtenu plusieurs résultats remarquables dans le domaine de la recherche et a constitué l'un des plus grands répertoires de recherche sur l'intersection entre le genre et les médias au cours des 25 dernières années.
Engagé dans plusieurs projets de recherche à grande échelle concernant les conditions actuelles des femmes dans les médias de masse, l’institut collabore avec plusieurs autres organisations et sociétés à but non lucratif afin de mettre en évidence leurs sentiments sur la nécessité de réformer la manière dont les femmes sont représentées dans la culture populaire.
En 2010, en collaboration avec la Fondation de l'Académie des Arts et des Sciences de la Télévision, l’institut a créé un prix de 5000$ pour la diversité dans les animations pour enfants créées par des étudiants universitaires.
Outre ses nombreuses contributions à la recherche, le Geena Davis Institute on Gender in Media a également créé le Bentonville Film Festival, un évènement annuel proposant également des concerts avec différents artistes chaque année.
Près de 100 films sont présentés lors du festival. Ceux qui y participent sont assurés d'être distribués, une mesure qui, selon Davis, permettra de remédier au nombre disproportionné de femmes créatrices à Hollywood.
Grâce à son travail pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations des genres, Geena Davis reçoit un doctorat honorifique en beaux-arts du Bates College en mai 2009. En 2019, elle reçoit également un Oscar honorifique, le prix humanitaire Jean Hersholt, une récompense décernée périodiquement depuis 1956 par l’AMPAS (Academy of Motion Picture Arts and Sciences) afin de distinguer les "contributions exceptionnelles à des causes humanitaires" d’une personnalité du milieu du cinéma.
Geena Davis Institute on Gender in Media
Article écrit par Julie Poutrel pour Adama Toulon.
© Photo: DFID - UK Department for International Development - CC BY 2.0